Par Ghislaine Ottenheimer le Ă 07h33 Lecture 4 min. DĂšs quâil sâĂ©nerve, le candidat de la France insoumise pourfend les petits bourgeois». Une insulte qui en dit long sur sa vision du monde. Et renvoie Ă son passĂ© lambertiste. Jean-Luc MĂ©lenchon s'est dit "prĂȘt" mardi Ă gouverner la France, annonçant que son futur gouvernement serait composĂ© de ministres et de "beaucoup de hauts commissaires", chargĂ©s de missions transversales. AFP Gentil, sympathique le candidat de la France insoumise ? A la tribune, oui, quand il dĂ©fend la veuve et lâorphelin. Il lâest moins quand il insulte ses adversaires, traite ses contradicteurs de gros imbĂ©ciles», de minables», accuse les journalistes dâexercer un mĂ©tier pourri». Sa pire insulte? bourgeois». Petit ou grand, câest selon. Un auditeur le chatouille sur sa connaissance supposĂ©e du monde du travail? Il le traite de petit bourgeois » et promet de remettre Ă sa place sa petite gueule». Quand il sâattaque Ă son pire ennemi, Emmanuel Macron, incarnation de la social-dĂ©mocratie quâil abhorre, lĂ , il utilise lâargument massue grand bourgeois» qui regarde le peuple de haut⊠Jean-Luc MĂ©lenchon adore pourfendre les bourgeois, les cathos, causes de tous les maux du peuple. Il adore puiser dans lâimaginaire rĂ©volutionnaire. Dans ses meetings, il a remplacĂ© lâInternationale par la Marseillaise, mais la lutte des classes est toujours Ă lâordre du jour. Toute personne qui est contre lui est un ennemi de classe. Les gens» ont simplement remplacĂ© dans son vocabulaire, le mot prolĂ©taires. Georges Marchais, dont il sâinspire beaucoup, adorait lui aussi de parler des gens! CultivĂ©, inspirĂ©, rĂ©voltĂ©, Jean-Luc MĂ©lenchon a su sĂ©duire les Français avec son talent de tribun. Usant de sa gouaille de laissĂ©-pour-compte, de brailleur de comptoir, il magnĂ©tise, amuse, enflamme... En plus, il sâest assagi. Fini le bruit et la fureur. Il se veut rassurant, humaniste, raisonnable, Ă©cologiste, pacifiste. Il a pris ses distances avec le PCF. Mais la rhĂ©torique marxiste nâest jamais loin. Le candidat du peuple, des malheureux, a Ă©tĂ© Ă bonne Ă©cole. On se souvient de son passĂ© de sĂ©nateur socialiste, de secrĂ©taire dâEtat du gouvernement Jospin⊠Mais avant cela, de 1972 Ă 1979, il a Ă©tĂ© le dirigeant, Ă Besançon, de l'Organisation communiste internationaliste OCI, courant trotskiste d'obĂ©dience lambertiste. Pendant ces annĂ©es, sous le pseudonyme de Santerre» 25, il a participĂ© Ă toutes les luttes Ă©tudiantes et ouvriĂšres du Jura, en particulier la grĂšve des Lip. CarriĂšre d'appareil Jean-Luc MĂ©lenchon est un radical de cĆur et dâesprit. Qui est revenu des politiques rĂ©formistes et de la social-dĂ©mocratie. Quand il adhĂšre au PS en 1976, il croit en François Mitterrand, en lâUnion de la gauche. Et en son destin. Il se lance alors dans une carriĂšre dâappareil, qui le conduit au poste de premier secrĂ©taire de la fĂ©dĂ©ration de lâEssonne en 1981. Puis de sĂ©nateur en 1986. A partir de 1988, durant prĂšs de quinze il sâest Ă©chinĂ© Ă structurer la gauche du PS, dĂ©posant motions sur motions qui recueilleront entre 7 et 13% des voix. Ses vrais scores? Ou ceux que la direction a dĂ©cidĂ© de lui accorder, comme il lâa dĂ©noncĂ©, Ă©cĆurĂ© et rancunier. La rupture est consommĂ©e. Dâautant quâil est convaincu des mĂ©faits de lâintĂ©gration europĂ©enne et de lâeuro. Tel est l'Ă©tat du capitalisme de notre Ă©poque il peut vouloir l'intĂ©gration Ă©conomique, mais il ne l'accepte qu'Ă la condition qu'il n'y ait pas de rĂ©gulation collective, donc qu'il n'y ait pas de RĂ©publique», clamait-il en 1988 Ă la tribune du SĂ©nat. En 2005, il prend le large, et son association, Pour la RĂ©publique sociale PRS, a pour ambition de faire Ă©merger une force politique nouvelle qui prenne en compte Ă la fois l'Ă©chec de ce qui fut le modĂšle soviĂ©tique et l'impasse d'une social-dĂ©mocratie europĂ©enne qui accompagne les rĂ©formes» du nĂ©olibĂ©ralisme. Rien que cela. LĂ©nine sans le Goulag. En 2008, il crĂ©e le Parti de gauche. Un retour aux sources et le dĂ©but dâune longue marche. Alors, certes, lâĂ©lection-fort peu probable de Jean-Luc MĂ©lenchon, ce nâest Ă©videmment pas la faucille et le marteau, la menace des chars russes et le goulag, mais quand on revisite les rĂ©volutions communistes, quâelles soient russes, chinoises ou cubaines, on voit bien quâelles ont toutes dĂ©rapĂ© quand la volontĂ© des dirigeants rĂ©volutionnaires de crĂ©er un nouvel ordre sâest heurtĂ©e Ă la rĂ©sistance des anciennes Ă©lites, peu fiables ou rĂ©tives, puis Ă la bourgeoisie, aux classes moyennes, paysans, petits commerçants, artisans⊠Un engrenage fatal. On nâest plus en 1917, ni en 1959, mais oui, dĂ©noncer la bourgeoisie, faire des procĂšs de classe, ce nâest pas anodin. TOUS LES RĂSULTATS DE L'ĂLECTION PRĂSIDENTIELLE 2017 RĂ©sultats en Auvergne-RhĂŽne-Alpes RĂ©sultats en Bourgogne-Franche-ComtĂ© RĂ©sultats en Bretagne RĂ©sultats en Centre-Val-de-Loire RĂ©sultats en Corse RĂ©sultats Grand Est RĂ©sultats Hauts-de-France RĂ©sultats Ile-de-France RĂ©sultats Normandie RĂ©sultats Nouvelle Aquitaine RĂ©sultats Occitanie RĂ©sultats Pays-de-la-Loire RĂ©sultats PACA PrĂ©sidentielle 2017 Bourse Le 25/08 Ă 18H05 CAC 40 6381,56 -0,08%
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