Tousles poĂšmes » AmitiĂ© » poĂšmes de CRO-MAGNON. Mon roman . Mon roman, La vie serait donc une piĂšce de théùtre OĂč chacun d'entre nous jouerait son propre rĂŽle Mais non protĂ©gĂ© derriĂšre les murs d'un cloĂźtre Sur son cours, nous n'avons pas toujours le contrĂŽle. La mienne, je la vois, la veux comme un roman Pas de guerre, d'aventure, juste ordinaire Mais retenant en Paroles de la chanson Footnote Traduction par Conan Gray Tu as dit Ă  la fĂȘte que j'Ă©tais ivre Je t'ai dit que je t'apprĂ©ciais, tu as dit "Tu dois dĂ©griser" Mais pourquoi mentirais-je ? C'est si clair, je suis amoureux De toi Une conversation tendue, tu aimes quelqu'un d'autre J'ai dit "Si j'attendais, cela pourrait-il aider?" Tu m'as dit que la patience ne changera pas ce que tu ressentais envers moi Alors j'arrĂȘterai d'ĂȘtre prĂ©tentieux et de dĂ©tester notre amitiĂ© Tu m'as appris une leçon, que l'amour n'est pas prĂ©cieux Ce n'est pas comme dans les romans, pas comme “Pride And Prejudice” pas du tout Alors je serai juste une note de bas de page dans ta vie Et tu pourrais prendre mon corps J'Ă©crirais chaque ligne pour toi Mais une note de bas de page fera l'affaire Une note de bas de page fera l'affaire On Ă©tait au restaurant, tout le monde a dit qu'on Ă©tait mignons Ils pensent qu’on est en couple, ils nous ont achetĂ© de l'alcool On a partagĂ© le Moscato et ri parce que c'est vrai Pour moi Moi Oh, et je serais gĂȘnĂ© si je n'Ă©tais pas si content Que tout le monde voit ce que tu ne vois jamais Nous sommes parfaits ensemble mais je ne serai jamais l’élu de ton coeur Alors j'arrĂȘterai d'ĂȘtre prĂ©tentieux et de dĂ©tester notre amitiĂ© Tu m'as appris une leçon, que les sentiments sont dangereux C'est comme dans les romans, les personnages secondaires finissent seuls Alors je serai juste une note de bas de page dans ta vie Et tu pourrais prendre mon corps J'Ă©crirais chaque ligne pour toi Mais une note de bas de page fera l'affaire Une note de bas de page fera l'affaire Une note de bas de page fera l'affaire S'il te plaĂźt, ne m'oublie pas Ne m’oublie pas Une note de bas de page fera l'affaire S'il te plaĂźt, ne m'oublie pas Ne m’oublie pas Une note de bas de page fera l'affaire S'il te plaĂźt, ne m'oublie pas Ne m’oublie pas Une note de bas de page fera l'affaire S'il te plaĂźt, ne m'oublie pas Ne m’oublie pas Une note de bas de page fera l'affaire S'il te plaĂźt, ne m'oublie pas Ne m’oublie pas Une note de bas de page fera l'affaire Une note de bas de page fera l'affaire
Lesparoles de Un roman d'amitiĂ© de Elsa feat. Glenn Medeiros ont Ă©tĂ© traduites en 2 langue (s) Sometimes, I think of me and you And every now and then, I think weâ€Čll never make it through We go through some crazy times and there is time
Paroles de la chanson Pour une vue du paradis par Elsa Lunghini Souvent on perd le nord Mais toutes les douleurs passent Meme si le coeur s'endort Il faudrait que l'on sache Se chercher se trouver Partager le feu ou la glace Se sentir enfin libre De sourire aux moments de grace ET BOUGER SANS S'ARRETER REVER A POINGS FERMES S'AIMER SANS AVOIR FAIT UN FAUX DEPART DONNER SANS S'AFFAIBLIR PARLER POUR S'ENRICHIR PARTIR SANS AVOIR FAIT UN FAUX DEPART SANS HISTOIRE SANS HISTOIRE Attendre aux bords des nerfs Une rĂ©ponse a nos questions Ne donne que de la poussiere Dans nos tetes, dans nos salons Se chercher, se trouver Partager le feu ou la glace Se sentir enfin libre De sourire aux moments de grace ET BOUGER SANS S'ARRETER REVER A POINGS FERMES S'AIMER SANS AVOIR FAIT UN FAUX DEPART DONNER SANS S'AFFAIBLIR PARLER POUR S'ENRICHIR PARTIR SANS AVOIR FAIT UN FAUX DEPART SANS HISTOIRE SANS HISTOIRE Mais si le ciel bleu s'enfuit On peut changer d'attache Pour une vue du paradis S'emparer de l'espace S'ouvrir A l'infini ET BOUGER SANS S'ARRETER REVER A POINGS FERMES S'AIMER SANS AVOIR FAIT UN FAUX DEPART DONNER SANS S'AFFAIBLIR PARLER POUR S'ENRICHIR PARTIR SANS AVOIR FAIT UN FAUX DEPART SANS HISTOIRE SANS HISTOIRE LamitiĂ©, cela existe, fort, y compris entre homme et femme. Ceux-lĂ  se sont connus Ă  l’ñge de dix-huit ans, ont vĂ©cu le meilleur de leur vie ensemble, durant quinze ans : un temps qu’elle n’a pas mesurĂ© vraiment. Je pensais que l’amitiĂ© durait toute la vie. Qu’il y avait quelque chose de fondateur comme une greffe. Pas

ï»żPerlayLive Il y a 17 ans 10 mois Ă  1320 15823 4 4 7 10% de la chanson dans une langue Ă©trangĂ©re? J'annonce 258 mots dont 116 en anglais ce qui nous donne 44,9612403100775193798449612403101 % de la chanson en anglais. Si je me suis plantĂ©, j'innove avec la correction "mathĂ©matique" n'hĂ©sitez pas ! Sinon, ça me rappelle le F4, pas toi NDCMaxine ? ndcmaxine Il y a 17 ans 10 mois Ă  1931 11028 3 4 6 En tant que matheuse, j'aurais arrondi Ă  45% pour que ce soit plus parlant. Ah le F4 !!! L'Ă©poque oĂč tu jouais aux Barbies avec moi et oĂč tu me piquais ma cassette audio d'Elsa... <- Que de souvenirs !!! rymina Il y a 11 ans 5 mois Ă  0109 5192 2 2 3 j'ai 39 ans je suis maman de4 enfants . je ne sais pas pourquoi et sepĂ©cialement ce jour la je me suis trouver entrain de chanter le romon d'amitiĂ© d'alsa que je l'adorer Ă  mon Ă©poque d'adolĂ©scence 1987 .89 90 . j'ai chercher les paroles sur le net et je l'ai Ă©crit pour ma fille qui Ă  12 ans .elle Ă  aimer elle aussi . Postta Il y a 8 ans 8 mois Ă  1006 5182 2 2 3 salut , c est les souvenres qui remonte sur la surface ,aujaurd hui j ai 43 ans ,j ai une fille de 18 ans . j ais 17 ou 18 ans a l epoque ou j allais en discotheque et la j ai rencontrer reda de benaknoun et on a attaquer le slow c etait maghifique .ehhhhhhhhh je donnerai cher pour le retrouver ce fameux reda que je n ai plus revu de lycee frantz fanon ,bab el oued alger.

Uncarrousel d’amour, d’amitiĂ©, de coups de foudre, d’écrasements, de trahisons dans la Bologne contemporaine. La vie rĂ©elle des jeunes telle qu’elle n’a jamais Ă©tĂ© montrĂ©e dans un roman graphique. Droiture, luciditĂ©, poĂ©sie, puissance, rĂ©alisme sont les mots pour dĂ©crire ce livre qui parle des jeunes d’aujourd’hui comme ils le feraient pour eux-mĂȘmes. Tradutore, traditore », dit-on depuis la Renaissance, le traducteur est un traĂźtre, ou un traditeur » pour reprendre le mot savoureux du poĂšte du Bellay. Albert Bensoussan, grande voix traduisante » et riche passeur de mots » de l’hispanophonie vers la francophonie, nous a livrĂ©, en 2005, un bel essai intitulĂ© J’avoue que j’ai trahi, essai libre sur la traduction qui nous Ă©claire sur le vieux dĂ©bat du littĂ©ral » et du littĂ©raire », entre le trop prĂšs et le trop loin du texte », et sur ce que doit ĂȘtre ce pont » entre deux langues, deux cultures, deux modes de pensĂ©e et de sensibilitĂ© ». Dans la liste imposante des auteurs amĂ©ricains contemporains de langue espagnole qu’Albert Bensoussan a traduits prĂšs d’une cinquantaine, pas moins !, certains, plus que d’autres, ont enrichi sa rĂ©flexion thĂ©orique sur la traduction, en mĂȘme temps qu’ils ont aiguisĂ© plus encore sa sensibilitĂ© d’écrivain. L’un des premiers d’entre eux est le PĂ©ruvien Alfredo Bryce Echenique, auteur du Monde de Julius, Ă©crivain au physique d’ Ă©ternel adolescent Ă  longue silhouette aux mains fines crispĂ©es de timiditĂ©. [
] Chacun des personnages de ses romans rĂ©flĂ©chit une enfance et un paradis perdu ». On imagine qu’ils ont trouvĂ© un Ă©cho particulier chez Albert Bensoussan, nostalgique narrateur de sa propre enfance algĂ©roise. Manuel Puig prolonge cet inventaire il est auteur du Baiser de la femme araignĂ©e, le plus beau livre qu’on ait Ă©crit sur l’amour de deux hommes », scĂ©narisĂ© plus tard par Hollywood. Manuel voulut Ă  toute force qu’Albert en fĂ»t le seul traducteur francophone. Guillermo Cabrera Infante fait partie Ă©galement de ce cercle des Ă©crivains, hĂ©las disparus, chers Ă  Albert Bensoussan. Le romancier cubain Ă  la forte personnalitĂ© et originalitĂ© est un des reprĂ©sentants de ce courant littĂ©raire, le boom latino-amĂ©ricain », des annĂ©es 60 loin de l’indigĂ©nisme traditionnel d’un Asturias ou d’un Alejo Carpentier. Il fut pour Albert comme un pĂšre et un gĂ©niteur », tant le travail de traduction fut pour lui enrichissant, appuyĂ© par un auteur qui lui en imposait, avoue-t-il, un homme extraordinairement attentif, voire exigeant. Albert travailla au domicile mĂȘme du romancier, Ă  Londres treize mois d’enfer » ! pour traduire Trois tristes tigres. Prix, en France, du meilleur livre Ă©tranger en 1970, cet ouvrage est d’une singuliĂšre et puissante crĂ©ativitĂ© littĂ©raire. Himalaya verbal, le roman est Ă  la hauteur de la prose inventive d’un Joyce. Albert le traduisit dans la fiĂšvre d’un crĂ©ateur au point qu’il n’est pas exagĂ©rĂ© de dire que sa traduction fut comme une deuxiĂšme naissance de l’oeuvre. Le troisiĂšme romancier essentiel de cet inventaire est encore vivant et bien vivant, c’est le pĂ©ruvien Mario Vargas Llosa, nobĂ©lisĂ© en 2010 et plĂ©iadisĂ© » en 2016, dont Albert Bensoussan a tout traduit pour la France, romans, piĂšces de théùtre, essais, articles de journaux Ă  l’exception de ses trois premiers titres [de romans]. Que de regrets d’avoir dĂ» cĂ©der Conversation Ă  la CathĂ©drale ! » avoue Albert qui finira d’ailleurs par traduire, lui aussi, ce roman, avec la complicitĂ© d’Anne-Marie CasĂšs en 2015. Mario Vargas et Albert Bensoussan C’est en 1972 que Mario choisit Albert pour traduire Les Chiots. Depuis cette date, les deux hommes ont bĂąti et entretenu une solide et Ă©troite amitiĂ© littĂ©raire et fraternelle au point, Ă©crit Albert, que je dois Ă  Vargas Llosa mes plus fortes Ă©motions de plume car lui seul m’a donnĂ© l’illusion que je crĂ©ais et forgeais de bons et vrais romans
 [Et] les fantasmes de Mario sont devenus les miens ». Un soir de reprĂ©sentation au théùtre de Bordeaux d’une piĂšce de Mario, La Demoiselle de Tacna, Albert Bensoussan, nourri pour toujours des mots de sa mĂšre et de son enfance algĂ©roise, revit sur scĂšne la silhouette de sa chĂšre maman, AĂŻcha, ressuscitĂ©e dans les paroles qu’il avait traduites et mises dans la bouche de la vieille MamaĂ© », l’une des figures de la piĂšce. À la fin, tremblant d’émotion, je pleurai de l’avoir retrouvĂ©e. » Y a-t-il plus beau retour vers sa lointaine jeunesse et sa mĂšre adorĂ©e par le truchement du verbe traduit ? Les quarante derniĂšres pages de ce bel essai sont consacrĂ©es Ă  une lumineuse explication de texte de la traduction en 2003 du roman Le Paradis-un peu plus loin et Ă  une analyse de l’univers romanesque de Mario, marquĂ©, on le sait, par les grands romanciers français du XIXe siĂšcle, en particulier Flaubert. Depuis la publication de ce texte, Albert Bensoussan a traduit, seul ou avec la fidĂšle collaboration de Daniel Lefort et d’Anne-Marie CasĂšs, nombre d’autres fictions ou essais de son ami Mario. Parmi eux, Tours et dĂ©tours de la vilaine fille en 2006, Le rĂȘve du Celte en 2011, Conversation Ă  La Catedral en 2015, Le hĂ©ros discret, Gallimard, 2015, Aux Cinq Rues Lima en 2017, Les contes de la peste en 2019, L’appel de la tribu en 2020, qui fonde son attachement au libĂ©ralisme, enfin Temps barbares, son dernier roman que Gallimard doit publier en 2021. Zoe Valdes Ă  la Havane en 1980 Ă  droite L’essai d’Albert Bensoussan passe sous silence, et pour cause, d’autres traductions, celle des livres du GuatĂ©maltĂšque Eduardo HalfĂłn, de la Cubaine ZoĂ© ValdĂšs et du Colombien HĂ©ctor Abad Faciolince entre autres, postĂ©rieurs Ă  la date de parution de son essai. Nous avons dĂ©jĂ  parlĂ© et parlerons encore, dans les colonnes d’Unidivers, de quelques-uns de leurs textes. L’attachement intellectuel et amical d’Albert Ă  ces deux derniers Ă©crivains latino-amĂ©ricains est aussi fort que celui qui le lie Ă  Mario Vargas depuis les annĂ©es 1970. On l’aura compris, cet essai libre » revĂȘt aussi les habits de l’autobiographie tant il est nourri d’émotions fraternelles ou filiales tout autant que littĂ©raires pour des Ă©crivains prĂšs d’une cinquantaine, morts et vivants qu’Albert Bensoussan a aimĂ©s et traduits avec passion depuis quarante ans et plus. J’avoue que j’ai trahi essai libre sur la traduction par Albert Bensoussan, Éditions L’Harmattan, 2005, collection Recherches AmĂ©riques latines », isbn 978-2-7475-8544-6, prix 19 euros. À Ă©couter une longue interview d’Albert Bensoussan sur son travail de traduction enregistrĂ©e Ă  la Casa VĂ©lasquez Paris et organisĂ©e par l’École normale supĂ©rieure de la rue d’Ulm en 2019 en cliquant sur ce lien ici. À lire cette longue et passionnante interview d’Albert Bensoussan sur son travail de traduction ici.
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LE PLURILINGUISME La marque la plus manifeste de l’originalitĂ© de l’écriture romanesque d’Amin Maalouf rĂ©side dans la maniĂšre ingĂ©nieuse dont cet auteur construit, dans ses romans, des rĂ©seaux discursifs diffĂ©rents de ceux qu’on trouve gĂ©nĂ©ralement dans les Ă©critures francophones du Mashreq. En effet, c’est l’organisation polyphonique de la narration qui est Ă  la base de la multiplicitĂ© identitaire, de la diversitĂ© des perspectives et de la pluralitĂ© des rĂ©cits. Ici s’ajoutent au narrateur principal, tantĂŽt implicite, tantĂŽt explicite, d’autres narrateurs. Ainsi, les voix multiples instaurent une orchestration polyphonique. L’analyse nous mĂšne Ă  situer l’origine de ce discours polyphonique non pas dans l’imitation des modĂšles du roman francophone, mais dans la prĂ©sence d’un fond langagier et culturel primaire, voire le substrat linguistique de l’Orient musulman l’arabe, le persan, le turc, et de l’Orient chrĂ©tien l’aramĂ©en, l’armĂ©nien, le grec et le syriaque qui, agissant sur le plan de l’énonciation, dĂ©termine la forme de l’énoncĂ©. C’est cette multiplicitĂ© discursive qui met le texte littĂ©raire francophone Ă  l’écart par rapport au discours normatif français du Centre. En consĂ©quence, il nous apparaĂźt essentiel de dĂ©velopper des modalitĂ©s d’analyse pour cerner les enjeux du phĂ©nomĂšne plurilinguistique dans la littĂ©rature francophone, mais il reste toujours Ă  considĂ©rer la hiĂ©rarchie des langues dans un texte littĂ©raire, car la distribution de ces langues procĂšde d’une stricte hiĂ©rarchisation. D’abord, nous pouvons diviser les langues du roman selon le niveau social de leur usage, pour arriver au concept introduit et appliquĂ© par Henri Gobard, la tĂ©traglossie » 1976. Gobard considĂšre, par exemple, que pour chaque aire culturelle donnĂ©e, il faut distinguer quatre types de langages qui sont le langage vernaculaire », le langage vĂ©hiculaire »le langage rĂ©fĂ©rentiaire » et le langage mythique ». Pour Gobard, en effet, le langage vernaculaire » est un langage local, parlĂ© spontanĂ©ment, moins fait pour communiquer que pour communier et qui, seul, peut-ĂȘtre considĂ©rĂ© comme langue maternelle » 1976 23. Le langage vĂ©hiculaire », lui, est tout langage national ou rĂ©gional, appris par nĂ©cessitĂ©, destinĂ© aux communications Ă  l’échelle des villes » 1976 24. Ici, la fonction de communion » n’est plus une prioritĂ©. Il s’agit plutĂŽt d’une fonction de communication ». Si le langage vĂ©hiculaire » est celui qui est utilisĂ© davantage dans les villes, on retrouve le langage rĂ©fĂ©rentiaire » dans les modes d’expression de culture et de littĂ©rature, que ce soit Ă  l’oral ou Ă  l’écrit 1976 34. Le langage mythique » renvoie, pour sa part, comme l’indique son nom, au sacrĂ© » et au religieux ». C’est cette multiplicitĂ© discursive qui met le texte littĂ©raire francophone Ă  l’écart par rapport au discours normatif français du Centre. Il faut dire Ă©galement que le plurilinguisme dĂ©passe les revendications linguistiques pour arriver aux revendications culturelles et identitaires. S’il marque une prise en compte nĂ©cessaire de l’altĂ©ritĂ©, c’est en cela aussi qu’il s’affirme comme principe dialogique 
 contre la dictature de l’Un » Simon, 1994 28. Rainier Grutman 1993 parle de la diversitĂ© des styles sociaux, des langues naturelles et des voix individuelles. Ainsi se pose la contradiction entre l’unilinguisme et le plurilinguisme dans un texte littĂ©raire. D’une part, le texte littĂ©raire doit rĂ©clamer son appartenance Ă  une langue dominante, et rĂ©clamer aussi un lecteur dĂ©terminĂ© Ă  qui s’adresse le texte un lecteur francophone, anglophone, arabophone, etc. D’autre part, le texte romanesque ne peut ĂȘtre que plurilingue, et reprĂ©sente d’une façon ou d’une autre, une pluralitĂ© de langues. Ces langues vont s’y prĂ©senter implicitement ou explicitement. C’est ce que Rainier Grutman appelle la tendance Ă  mentionner des langues sans les citer » 1997 38. Dans ce sens, les paradigmes de l’hĂ©tĂ©rolinguisme et du transpolinguisme permettent de repenser l’appartenance linguistique et culturelle des personnages, et de dĂ©terminer l’inscription de leurs paroles » dans un discours sociohistorique prĂ©cis. C’est ainsi que nous arrivons, comme proposĂ© ici, Ă  repenser l’appartenance linguistique et culturelle des personnages maaloufiens. Les langues que parlent ces personnages sont l’arabe, le persan, le syriaque, l’hĂ©breu, le grec et le turc. En plus, ces langues peuvent ĂȘtre classĂ©es selon des niveaux langagiers diffĂ©rents. C’est-Ă -dire que sur le plan de l’appartenance linguistique et culturelle du texte romanesque maaloufien, le discours identitaire dĂ©passe, du point de vue diachronique, le substrat linguistique de l’Orient musulman, c’est-Ă -dire l’arabe, le persan et le turc, pour arriver au substrat prĂ©islamique, voire l’Orient chrĂ©tien et byzantin. Ici, le substrat linguistique de cet Orient chrĂ©tien est constituĂ© du syriaque, de l’aramĂ©en, de l’armĂ©nien, de l’hĂ©breu, du grec, langues parlĂ©es en Syrie byzantine avant la conquĂȘte arabe au VIIe siĂšcle. Dans Le PĂ©riple de Baldassare1, par exemple, le nom propre fĂ©minin Marta est un mot d’origine syriaque qui veut dire dame Issa, 2002 16 ; il porte aussi une connotation, celle de fĂ©minitĂ©, perceptible par toute personne qui parle l’une ou l’autre des langues sĂ©mitiques2. Dans le mĂȘme roman et en ce qui concerne le langage mythique », nous trouvons l’arabe classique. Sur le plan du langage vĂ©hiculaire », nous trouvons le dialecte arabosyriaque, le persan dialectal d’Ispahan, et le turc dialectal d’Istanbul Constantinople et d’Izmir Smyrne. Sur le plan du langage rĂ©fĂ©rentiaire », nous signalons la prĂ©sence de l’arabe, du turc et du persan littĂ©raires, et, sur le plan de la langue vernaculaire », celle de plusieurs dialectes locaux, de jargons, d’interlangue, de crĂ©olisation, comme le dialecte vernaculaire » de Gibelet, Ă©galement prĂ©sent dans Le PĂ©riple de Baldassare, ou celui de la Montagne, prĂ©sent dans Le Rocher de Tanios3, qui fait aussi partie du parler vernaculaire libanais. Ce parler constitue une synthĂšse » linguistique, un processus de crĂ©olisation continu. Aussi, l’usage du parler libanais dans Le PĂ©riple de Baldassare, ou comme dans Le Rocher de Tanios, rĂ©vĂšle ses origines syriaques et aramĂ©ennes. Dans Le Rocher de Tanios, l’usage des mots d’origine syriaque est bien marquĂ©, avec, entre autres, des mots comme khouriyyĂ© 50, mar 50, ataba 56, bouna 58, kfaryabda 79. Dans Les Jardins de lumiĂšre4, autre roman de l’écrivain, ce sont des mots d’origine aramĂ©enne comme mar 42, Malchos 49, MĂąrĂąme barekh ! » 54, Baal 115 ou ayar 130, qui permettent d’accĂ©der aux substrats linguistiques antiques, comme l’aramĂ©en et l’assyrien. Dans le roman d’Amin Maalouf, c’est donc tout l’ Orient » qui semble parler, l’Orient musulman comme l’Orient chrĂ©tien byzantin et sassanide, soit horizontalement, Ă  travers ses rĂ©gions gĂ©ographiques, de la ville de Grenade en Andalousie musulmane et du Maghreb LĂ©onl’Africain5 jusqu’à Samarkand en Asie centrale et au Mashreq Samarcande ; soit verticalement Ă  travers ses Ă©poques historiques, c’est-Ă -dire de CtĂ©siphon au IIIe siĂšcle Les Jardins de lumiĂšre jusqu’à Beyrouth au XXe siĂšcle Les Échelles du Levant6. L’HÉTÉROLINGUISME Du point de vue mĂ©thodologique, une question principale se pose comment faire ressortir, dans un roman d’Amin Maalouf, ces langues orientales qui sont mentionnĂ©es sans ĂȘtre citĂ©es ? Ici, nous prenons en compte que le plurilinguisme est prĂ©sent Ă  titre mĂ©taphorique, mais se trouve effacĂ© en tant que matĂ©rialitĂ© » Leclerc, 2004 18. Grutman 1997 introduit le terme de l’ hĂ©tĂ©rolinguisme » qui permet de rĂ©pondre Ă  la question ainsi posĂ©e quant aux langues non citĂ©es, mais aussi quant Ă  la prĂ©sence du plurilinguisme comme mĂ©taphore dont la matĂ©rialitĂ© est effacĂ©e dans le texte. Selon Grutman, le roman surtout met en Ɠuvre une extrĂȘme diversitĂ© de langages [et] son histoire peut traverser plusieurs couches sociales, plusieurs rĂ©gions allophones voire plusieurs moments de l’Histoire
 » 1993 55. Pour Lawson-Hellu 2003, le concept d’hĂ©tĂ©rolinguisme apparaĂźt Ă©galement plus riche sĂ©miotiquement que ceux de diglossie et de bilinguisme utilisĂ©s gĂ©nĂ©ralement dans des Ă©tudes sur le plurilinguisme dans les textes littĂ©raires francophones. Selon lui, l’hĂ©tĂ©rolinguisme permet non seulement d’identifier le dialogue des langues dans le texte, mais surtout de relever, par le biais de l’intentionnalitĂ© de l’écrivain, le potentiel discursif voire stratĂ©gique de ce dialogue » 2003 311. Ici, c’est le jeu de pouvoir », ou les rapports de force », dans la nomenclature de Bourdieu, qu’il rĂ©vĂšle et permet d’étudier Ă  partir des langues inscrites dans le texte, Ă  l’exemple du texte littĂ©raire francophone. Pour sa mise en opĂ©rativitĂ© dans l’analyse littĂ©raire, l’hĂ©tĂ©rolinguisme procĂ©dera dĂšs lors par le pĂ©rĂ©grinisme et par le xĂ©nisme En effet, le pĂ©rĂ©grinisme s’insĂšre dans un texte comme un Ă©lĂ©ment Ă©tranger, sans toujours ĂȘtre suivi d’une traduction ou d’une note mĂ©talinguistique. Au contraire, le xĂ©nisme indique la prĂ©sence d’un Ă©lĂ©ment Ă©tranger dans une langue quelconque, suivi ou non d’une explication mĂ©talinguistique. Ainsi, le xĂ©nisme sera plutĂŽt une insertion d’origine Ă©trangĂšre souvent accompagnĂ©e – sinon toujours – d’une glose qui annule l’impression de faute ». Lawson-Hellu, 2003 318 Et cela, Ă  travers une variation typographique, une glose mĂ©talinguistique ou une incorporation directe. Lawson-Hellu 2003 montre que le dialogue entre le français, comme langue d’écriture, et les langues maternelles des Ă©crivains francophones se concrĂ©tise, dans le texte, par les modalitĂ©s de l’emprunt et de l’intĂ©gration. Selon lui, la transposition en constituerait une autre modalitĂ©, la transposition qui est dĂ©jĂ  en usage dans le domaine de la traduction c’est-Ă -dire le processus d’expression du contenu Ă©nonciatif d’une langue d’origine, langue source, dans une langue d’arrivĂ©e, langue cible » Lawson-Hellu, 2004 96. En effet, la transposition maintient dans le fait hĂ©tĂ©rolinguistique l’identitĂ© et la culture inscrites dans le texte francophone par-delĂ  sa langue visible » d’expression La transposition met davantage l’accent sur le maintien de l’identitĂ© forme et contenu de la rĂ©alitĂ© traduite, de sa langue ou domaine source Ă  sa langue ou domaine cible. Lawson-Hellu, 2004 97 Dans ses modalitĂ©s, le pĂ©rĂ©grinisme et le xĂ©nisme, l’hĂ©tĂ©rolinguisme est visible par nature. Ce qui le distingue de la transposition, c’est la non-visibilitĂ© de cette derniĂšre, comme en donne l’exemple le texte francophone. Ici, se pose une autre question si les Ă©lĂ©ments de la transposition linguistique, ou du transpolinguisme, sont d’une nature non visible, comment l’analyse peut-elle en rendre compte ? Lawson-Hellu propose les deux opĂ©rations de la mention et de la prĂ©supposition, en mettant la pertinence du paradigme de la transposition dans la distinction qu’elle permet d’établir, sur le plan de l’analyse, entre la langue du narrateur et celles des personnages, par exemple. Pour les modalitĂ©s d’apprĂ©hension de la transposition, le type mention semble ĂȘtre identifiable immĂ©diatement, tandis que le type prĂ©supposition exige une analyse plus profonde de l’énoncĂ©, et une interprĂ©tation de cet Ă©noncĂ© basĂ©e sur les donnĂ©es culturelles, sociales et biographiques des narrateurs et des personnages du roman. Dans le roman d’Amin Maalouf, c’est donc tout l’ Orient » qui semble parler, l’Orient musulman comme l’Orient chrĂ©tien byzantin et sassanide, soit horizontalement, Ă  travers ses rĂ©gions gĂ©ographiques, de la ville de Grenade en Andalousie musulmane et du Maghreb jusqu’à Samarkand en Asie centrale et au Mashreq ; soit verticalement Ă  travers ses Ă©poques historiques, c’est-Ă -dire de CtĂ©siphon au IIIe siĂšcle jusqu’à Beyrouth au XXe siĂšcle. LANGUE DU NARRATEUR, LANGUES DES PERSONNAGES Du point de vue mĂ©thodologique, donc, il s’agit d’identifier la langue du narrateur initial de celles des personnages de la fiction. Dans le cas du texte francophone, oĂč les langues des personnages semblent distinctes de celle du narrateur – d’oĂč le caractĂšre francophone » de la fiction –, il s’agit d’un narrateur initial bilingue et francophone qui rapporte » les faits » de paroles des autres personnages en les transposant » ou en les traduisant dans sa langue de narrateur, le français. Pour leur part, les personnages du roman seront supposĂ©s parler leurs propres langues. Dans les romans d’Amin Maalouf, les langues des personnages sont diffĂ©rentes, naturellement, de celle du narrateur initial qui parle Ă©galement les langues des personnages. Par exemple, dans LĂ©on l’Africain, le narrateur initial, Hassan al-Wazzan, se prĂ©sente et confirme son identitĂ©, notamment son prĂ©nom et son patronyme, en commençant son Ă©noncĂ© par le pronom personnel moi et en le suivant par un autre » moi, comme pour nous signaler son appartenance identitaire Ă  deux cultures diffĂ©rentes Moi, Hassan fils de Mohamed le peseur, moi, Jean-LĂ©on de MĂ©dicis, circoncis de la main d’un barbier et baptisĂ© de la main d’un pape, on me nomme aujourd’hui l’Africain, mais d’Afrique ne suis, ni d’Europe, ni d’Arabie. LĂ©on, 11 Hassan al-Wazzan parle plusieurs langues. Le Cardinal Guicciardini lui dit J’ai fait Ă©tat de ta prĂ©sence avec moi ainsi que de ta connaissance du turc. Sa MajestĂ© [François 1er] m’a demandĂ© si tu pouvais faire office de truchement. LĂ©on, 337 Dans Samarcande, autre roman d’Amain Maalouf, le narrateur initial est un jeune journaliste amĂ©ricain d’origine française, sa mĂšre Ă©tant française, fille de Charles-Hubert de Luçay ; il est aussi bilingue J’ai dĂ©jĂ  mentionnĂ© mon nom, Benjamin O. Lesage. MalgrĂ© la consonance française, hĂ©ritage d’un aĂŻeul huguenot Ă©migrĂ© au siĂšcle de Louis XIV, je suis citoyen amĂ©ricain, natif d’Annapolis, dans le Maryland, sur la baie de Chesapeake, modeste bras de l’Atlantique. Mes rapports avec la France ne se limitent pourtant pas Ă  cette lointaine ascendance, mon pĂšre s’est appliquĂ© Ă  les renouveler. Samarcande, 199 Dans le cas de Baldassare Embriaco, narrateur initial dans Le PĂ©riple de Baldassare, il s’agit d’un GĂ©nois d’Orient et nĂ©gociant en curiositĂ©s. Il joue le rĂŽle d’un medium entre l’Orient et l’Occident, d’oĂč vient sa connaissance de plusieurs langues orientales et europĂ©ennes ainsi que du français Mon nom est Baldassare, c’est moi qui ai pris la succession [
] Ma famille vient de GĂȘnes, mais il y a trĂšs longtemps qu’elle est installĂ©e au Levant
 PĂ©riple, 13-14 Dans l’exemple suivant, Baldassare participe Ă  une messe de l’ambassade du roi de France », et utilise le français pour communiquer avec les gens Ă  l’église Pour moi le rĂ©veil s’appelle Constantinople. DĂšs demain, dimanche, je me prĂ©senterai dans mes habits d’apparat Ă  l’ambassade du roi de France, ou plus exactement Ă  l’église de l’ambassade, Ă  la recherche du chevalier de Marmontel. PĂ©riple, 116-18 Nous pouvons aussi mentionner Les Échelles du Levant, oĂč figurent deux narrateurs initiaux l’un est anonyme, l’autre est connu, Ossyane. Ces deux narrateurs sont bilingues et francophones Cette histoire ne m’appartient pas, elle raconte la vie d’un autre. Avec ses propres mots, que j’ai seulement agencĂ©s quand ils m’ont paru manquer de clartĂ© ou de cohĂ©rence. Avec ses propres vĂ©ritĂ©s, qui valent ce que valent toutes les vĂ©ritĂ©s. Échelles, 9 Quant Ă  l’exemple de Mani dans Les Jardins de lumiĂšre, le narrateur ne participe pas aux Ă©vĂ©nements de l’histoire. Ici, les langues des personnages sont, en premier lieu, l’aramĂ©en, l’assyrien et le syriaque, puis l’ancien persan, l’ancien grec, le latin, l’hĂ©breu. Autrement dit, tout le substrat linguistique de l’Orient chrĂ©tien et de l’Orient mage Il parlait avec force gesticulations, dans le dialecte aramĂ©en du pays, mais dĂ»ment Ă©maillĂ© de mots grecs, surtout pour les termes militaires. Jardins, 66 En ce qui concerne Le Rocher de Tanios, enfin, nous trouvons plusieurs rĂ©cits et rapports sur la disparition Ă©nigmatique de Tanios-kishk en 1840. Le narrateur initial transpose », en les traduisant en français, les diffĂ©rents rĂ©cits sur cette disparition; il indique notamment dans son rĂ©cit que le manuscrit du moine, dont il transpose le contenu, est Ă©crit en arabe 
 alors il accumule les emprunts aux auteurs du passĂ© et aux notables de son temps, en vers de prĂ©fĂ©rence, ces vers arabes de l’ñge de la DĂ©cadence, empesĂ©s d’images convenues et de sentiments froids. Rocher, 12 Dans l’énoncĂ© ci-aprĂšs, le narrateur initial indique par exemple qu’il avait traduit et transposĂ© en français un rĂ©cit arabe HĂ©sitant encore Ă  m’engager dans une lecture qui menaçait d’ĂȘtre rebutante, je feuilletais le monstre du bout des doigts, du bout des yeux, quand devant moi se dĂ©tachĂšrent ces lignes – je les ai aussitĂŽt recopiĂ©es, et plus tard traduites et ponctuĂ©es. Rocher, 13 Ces diffĂ©rents exemples permettent ainsi d’établir un point de dĂ©part confirmant la prĂ©sence de diffĂ©rentes langues dans le texte romanesque d’Amin Maalouf. Les modalitĂ©s du transpolinguisme vont permettre de complĂ©ter la mise au jour de l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©isation linguistique dans ce texte, telle qu’elle s’exprime par le biais des langues confĂ©rĂ©es aux personnages. LE TRANSPOLINGUISME DANS LES ROMANS D’AMIN MAALOUF La modalitĂ© de la transposition permet en effet d’identifier Ă©galement les langues que parlent les personnages dans les romans d’Amin Maalouf. Elle caractĂ©rise notamment les romans suivants Le PĂ©riple de Baldassare, LĂ©on l’Africain et Le Rocher de Tanios. Prenons l’exemple de LĂ©on l’Africain Elle avait prononcĂ© ces mots en arabe, mais avec cet accent circassien que tous les Cairotes reconnaissent sans peine, puisqu’il est celui des sultans et des officiers mamelouks. LĂ©on, 244 Ici, la transposition linguistique est chargĂ©e d’un contenu culturel et identitaire. Il s’agit des mots-clĂ©s qui portent des charges identitaires. Ces mots sont arabe, circassien, Cairotes, sultans et mamelouks. Ces cinq mots rĂ©sument toute une mĂ©moire historique ; ils Ă©noncent l’histoire de l’Égypte Ă  une Ă©poque prĂ©cise. Les Mamelouks ne sont en effet plus les maĂźtres du pays, et en 1517, l’Égypte devient une province ottomane Pareja, 1964 141. Prenons un autre exemple tirĂ© des Jardins de lumiĂšre Nobles visiteurs, seriez-vous les seuls hommes dans cette ville Ă  ignorer que nos souverains, les princes kushan, viennent d’ĂȘtre dĂ©faits par l’armĂ©e perse et qu’ils se sont retirĂ©s au-delĂ  des cinq fleuves ?Il parlait un aramĂ©en fort approximatif, coiffant la plupart des syllabes de l’accent erronĂ©, comme tant de croyants qui se font un devoir d’apprendre la langue liturgique mais n’ont guĂšre l’occasion d’en user dans les Ă©changes quotidiens. Jardins, 154 L’énoncĂ© Nobles visiteurs
 » aurait ainsi Ă©tĂ© produit en aramĂ©en, avec l’accent des locuteurs non natifs, ainsi qu’avec des alternances codiques en aramĂ©en et en grec. Ces informations linguistiques sont indiquĂ©es dans l’énoncĂ© du narrateur initial. Ce dernier aura dĂšs lors transposĂ© » en français l’énoncĂ© Nobles visiteurs
 » initialement produit en aramĂ©en. Ici, comme dans l’exemple tirĂ© de LĂ©on l’Africain, il s’agit d’une transposition linguistique de type mention, puisque le narrateur l’indique dans le passage Il parlait un aramĂ©en fort approximatif
 » Il en est ainsi des extraits ci-aprĂšs du PĂ©riple de Baldassare Je lui traduisis la question dans l’arabe parlĂ© Ă  Gibelet et elle rĂ©pondit avec empressement, sur un ton quasiment suppliant Sans mon mari ! » PĂ©riple, 476 ;[
] un dignitaire turc arriva en grand Ă©quipage. Sans mettre pied Ă  terre, il envoya un de ses gens me quĂ©rir [
] Quand je me prĂ©sentai, il me salua en arabe du haut de sa monture harnachĂ©e et je lui retournai son salut PĂ©riple, 167 ;À l’exception des formules consacrĂ©es que tout musulman connaĂźt, l’homme parle l’arabe avec difficultĂ©. Nous pĂ»mes nĂ©anmoins nous prĂ©senter l’un Ă  l’autre, et nous pourrons, je crois, Ă  l’occasion, avoir une conversation. Il me dit qu’il s’appelle [sic] Ali Esfahani
 PĂ©riple, 344 L’ensemble de ces exemples met en lumiĂšre la modalitĂ© de transposition de type mention par laquelle s’inscrit l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©isation linguistique Ă  travers les faits de paroles des Ă©nonciateurs personnages chez l’écrivain. Une telle modalitĂ© ne demande pas beaucoup d’interprĂ©tation et d’analyse Ă©tant donnĂ© qu’en cette circonstance le narrateur prĂ©cise les langues dans lesquelles se construisent les Ă©noncĂ©s des personnages. La transposition de type prĂ©supposition exige par contre un travail d’analyse et d’interprĂ©tation des donnĂ©es biographiques fournies sur les personnages du roman, comme en tĂ©moigne l’exemple suivant tirĂ© du PĂ©riple de Baldassare Puis Domenico lui demanda, d’un ton trĂšs paternel Dites-nous, Marta. Est-ce que vous souhaitez retourner sur la rive avec votre mari, ou bien venir avec nous ? »En traduisant, j’ai dit revenir avec moi ». Mais elle rĂ©pondit clairement, avec un geste de sa main pointĂ©e, qu’elle voulait repartir pour Katarraktis. PĂ©riple, 478 Ici, l’indication du rĂŽle de Baldassare comme interprĂšte aux cĂŽtĂ©s de Domenico et de Marta permet de dĂ©duire le contexte d’énonciation. Le capitaine Domenico parle l’italien et Marta parle un dialecte vernaculaire arabosyriaque. Baldassare joue le rĂŽle d’interprĂšte. L’énoncĂ© Dites-nous, Marta. Est-ce que vous souhaitez
 » rend ainsi visible son appartenance Ă  deux contextes culturels l’italien dialectal de GĂȘnes, car c’est Domenico le gĂ©nois qui parle, et l’arabosyriaque de Gibelet. Selon les occurrences hĂ©tĂ©rolinguistiques du roman, Marta ne parle que le dialecte de Gibelet, qui serait distinct du français du narrateur ou du texte. Aussi, les donnĂ©es sur l’appartenance sociale de Marta nous aident Ă  interprĂ©ter ses Ă©noncĂ©s. Il n’est que de constater les donnĂ©es socioculturelles fournies par le texte sur Marta À l’origine de tout ce tumulte, une femme, Marta, que l’on appelle ici, avec un lĂ©ger clin d’Ɠil, la veuve ». Elle avait Ă©pousĂ©, il y a quelques annĂ©es, un individu que tout le monde savait ĂȘtre un voyou ; issu, d’ailleurs, d’une famille de voyous, tous escrocs, chapardeurs, maraudeurs, dĂ©trousseurs, naufrageurs, tous sans exception, grands et petits, aussi loin que remontent les souvenirs ! Et la belle Marta, qui Ă©tait alors une fille dĂ©lurĂ©e, espiĂšgle, indomptable, malicieuse mais pas du tout mauvaise graine, s’était Ă©prise de l’un d’eux – un dĂ©nommĂ© Sayyaf. PĂ©riple, 39 Ces donnĂ©es biographiques aident Ă  prĂ©supposer » que le dialogue ci-dessus se dĂ©roule en dialecte arabosyriaque vernaculaire de Gibelet. L’interprĂ©tation des donnĂ©es biographiques aide Ă©galement Ă  distinguer le français de la narration, de la langue de Marta. Nous lisons ainsi, dans Le Rocher de Tanios 
 le vieux GĂ©brayel – puisse-t-il vivre et garder sa tĂȘte claire au-delĂ  de cent ans – m’a fait lire un soir, soulignant chaque mot de son index noueux Pour tous les autres, tu es l’absent, mais je suis l’ami qui leur insu tu as couru sur le chemin du pĂšre meurtrier, vers la t’attend, la fille au trĂ©sor, dans son Ăźle ; et ses cheveux ont toujours la couleur du soleil d’occident. Rocher, 278 Dans ce dernier passage, nous pouvons donc prĂ©supposer que l’énoncĂ© Pour tous les autres
 » a Ă©tĂ© produit en arabe, puis transposĂ© en français par le narrateur, le passage lu par GĂ©brayel Ă©tant pris du manuscrit arabe de Nader et traduit par le narrateur sous le titre de la Sagesse du muletier », tel qu’indiquĂ© dans le roman Nader ne devait plus jamais remettre les pieds au village [
] Sa part de secret, il l’avait consignĂ©e sur un cahier qu’un jour, dans les annĂ©es vingt de ce siĂšcle, un enseignant de l’American University of Beirut allait retrouver, par chance, dans le fouillis d’un grenier. AnnotĂ© et publiĂ©, avec une traduction anglaise, sous le titre Wisdom on muleback que j’ai librement transformĂ© en la Sagesse du muletier »  Rocher, 277 Les donnĂ©es prĂ©sentĂ©es ici confirment que le manuscrit a Ă©tĂ© effectivement Ă©crit en arabe. D’un point de vue gĂ©nĂ©ral, nous ne pouvons en effet appliquer la modalitĂ© de la prĂ©supposition sans un relevĂ© substantiel des donnĂ©es biographiques pour chacun des personnages du roman, tel qu’elles sont fournies par le texte, et en concordance avec les donnĂ©es extratextuelles, sociales ou historiques, de rĂ©fĂ©rence de l’écriture. LA VOIX NON-VISIBLE » DU TRUCHEMENT C’est la nĂ©cessitĂ© de mise en relation entre le texte et son rĂ©fĂ©rent sociohistorique, culturel, ou sociolinguistique dans l’analyse du plurilinguisme littĂ©raire, qui permet de circonscrire la pertinence discursive de la textualisation des langues, quant Ă  l’intentionnalitĂ© de l’écrivain. Les exemples ci-aprĂšs en donnent la mesure dans l’Ɠuvre d’Amin Maalouf. Le premier est tirĂ© du PĂ©riple de Baldassare Laissez-le-moi, hajj Idriss, je vais le montrer Ă  quelques clients qui pourraient ĂȘtre intĂ©ressĂ©s. PĂ©riple, 25 Dans cet Ă©noncĂ©, le pĂ©rĂ©grinisme passe presque inaperçu. Il ne se met ni en italique ni entre guillemets. Lorsqu’Idriss vient au magasin de Baldassare pour lui proposer un livre Ă  vendre, Baldassare s’adresse Ă  lui en un langage vernaculaire », celui de Gibelet. En arabe, le mot hajj » veut dire pĂšlerin ». Dans un autre passage, lorsque Baldassare rencontre le cheikh Abdel Basset et lui parle d’Idriss, nous lisons J’étais ainsi, grisĂ© mais encore incrĂ©dule, lorsqu’un passant m’interpella Baldassare efendi ! » PĂ©riple, 27 L’énoncĂ© est mis ici au discours direct. Nous trouvons un verbe introductif interpeller », une rĂ©plique et des guillemets. L’énoncĂ© second du passant » est mis entre guillemets et transmis dans la langue du personnage et non dans celle du narrateur. Le mot efendi » d’origine turque fut introduit en dialecte arabe vernaculaire » levantin syro-libanais et en dialecte Ă©gyptien, et il est toujours en usage dans les pays arabes. En turc, il se dit efendim », c’est-Ă -dire Monsieur » Halbout, 1992 495. On trouve aussi le mot khwĂ©ja introduit dans Le Rocher de Tanios, oĂč il figure comme Ă©lĂ©ment xĂ©nitique. Ce mĂȘme mot se retrouve dans Samarcande comme Ă©lĂ©ment pĂ©rĂ©grinitique. Ici, il n’est pas suivi d’une glose mĂ©talinguistique, comme il en est le cas dans Le Rocher de Tanios. Dans Samarcande, le cadi Abou-Taher s’adressa en effet Ă  Omar avec son titre KhwajĂ©. À voix haute, il poursuit Puis-je espĂ©rer qu’en dĂ©pit de tout ce qu’il a endurĂ©, khwajĂ© Omar ne gardera pas un trop mauvais souvenir de Samarcande ? Samarcande, 31 Dans ce cas-ci, l’énoncĂ© second est transmis aussi au discours direct. Nous avons un verbe introductif poursuivre » et une rĂ©plique. Nous trouvons lĂ  une diffĂ©rence phonĂ©tique dans la prononciation du mot khwĂ©ja Le Rocher de Tanios qui devient khwajĂ© Samarcande, parce que dans le premier, c’est la variante phonĂ©tique du mot turcopersan khwajĂ©, tel qu’elle est utilisĂ©e par les villageois libanais du Mont-Liban. Dans le dialecte local de la ville de Beyrouth la capitale, ce mot se prononce khawaja D’Alverny, 1963 1. Dans Le Rocher de Tanios, le premier a subi donc une omission, crĂ©ant la rencontre d’une consonne kh et w, qui se prononce parfois comme v, et le deuxiĂšme a s’est transformĂ© en Ă©. En plus, l’accent tonique s’est dĂ©placĂ© vers le dĂ©but du mot et non pas vers sa fin, tel qu’il est le cas avec la variante persane. C’est ce qu’on appelle en grammaire du dialecte libanais, al-imĂąlah D’Alverny, 1963. Le mot arabe hajj masculin singulier ou hajjĂ© fĂ©minin singulier s’insert dans Le Rocher de Tanios comme xĂ©nisme, et dans Le PĂ©riple de Baldassare, comme pĂ©rĂ©grinisme Que dis-tu, hajjĂ© ?On l’appelait ainsi parce que, dans sa jeunesse, elle Ă©tait partie en pĂšlerinage Ă  BethlĂ©em, voir la Sainte-CrĂšche. Rocher, 34 Selon Bakhtine, tout Ă©noncĂ© contient les mots d’autrui cachĂ©s ou semi-cachĂ©s, d’un degrĂ© d’altĂ©ritĂ© plus ou moins grand » 1984 301. Dans la vie rĂ©elle, l’échange verbal, le genre de discours premier, se construit par les Ă©noncĂ©s de deux locuteurs ou plus. Pour que l’échange verbal se poursuive, les Ă©noncĂ©s doivent avoir des frontiĂšres qui se dĂ©terminent par l’alternance des sujets parlants. Dans le roman, qui appartient au genre de discours second, les frontiĂšres prennent la forme d’une rĂ©plique. Nous distinguons en effet dans un roman, deux discours le discours narratif et le discours rapportĂ©. Les Ă©noncĂ©s des personnages se prĂ©sentent sous l’un des styles suivants discours direct, discours direct libre, discours indirect et discours indirect libre. Tout Ă©noncĂ© comporte un commencement absolu et une fin absolue avant son dĂ©but, il y a les Ă©noncĂ©s des autres, aprĂšs sa fin, il y a les Ă©noncĂ©s-rĂ©ponses des autres » Bakhtine, 1984 277. En partant de ce fait, il s’agit de voir ici comment le xĂ©nisme et le pĂ©rĂ©grinisme crĂ©ent, dans les limites de l’énoncĂ© mĂȘme du personnage, des frontiĂšres entre deux autres Ă©noncĂ©s, celui du personnage et celui du narrateur. Dans le genre de discours premier, le rapport qui s’instaure entre les rĂ©pliques du dialogue est impossible entre les unitĂ©s de langue que ce soit dans le systĂšme de la langue sur l’axe vertical, ou Ă  l’intĂ©rieur de l’énoncĂ© sur l’axe horizontal » Bakhtine, 1984 278. Cependant ce qui semble impossible dans le genre de discours premier peut se rĂ©aliser dans le genre de discours second, et surtout dans le roman. De fait, Ă  une Ă©tape premiĂšre, l’étude des Ă©lĂ©ments xĂ©nitiques et pĂ©rĂ©grinitiques exige l’identification de deux niveaux de discours selon la terminologie bakhtinienne le discours narratif et le discours rapportĂ©. Le discours rapportĂ© est conçu par le locuteur comme l’énonciation d’un autre Bakhtine, 1977 166. Ici, nous avons un discours dans le discours, une Ă©nonciation dans l’énonciation ; un discours rapportĂ©, celui des personnages, dans un discours narratif, celui du narrateur. À une seconde Ă©tape, l’analyse part du fait que les mots et Ă©pithĂštes entre guillemets constituent une arĂšne oĂč viennent s’affronter et lutter deux mises en relief, deux points de vue, deux discours » Bakhtine, 1977 188. Il s’agit du discours de l’auteur narrateur et de celui du hĂ©ros. Cette appartenance simultanĂ©e Ă  deux discours orientĂ©s diffĂ©remment dans leur expression, Bakhtine la considĂšre un fait de langue ou une interfĂ©rence de discours » Bakhtine, 1977 189. Nous prenons le discours rapportĂ© comme Ă©lĂ©ment d’analyse, et il s’y dĂ©voile deux Ă©noncĂ©s diffĂ©rents 1 l’énoncĂ© tel que transmis dans la langue du narrateur, et 2 l’énoncĂ© tel que transmis dans la langue du personnage lui-mĂȘme. Le pĂ©rĂ©grinisme indique une reprĂ©sentation verbale, une transmission honnĂȘte » des paroles du personnage, de son discours rapportĂ© sous sa forme directe ou indirecte libre. Cependant, mĂȘme dans le discours direct, l’énoncĂ© de l’autre ne se trouve pas tout Ă  fait libre de la dominance du discours du narrateur. Dans l’énoncĂ© type suivant, Boumeh ! Ne vas-tu pas cesser de torturer notre oncle ? », nous pouvons prĂ©supposer qu’il y a deux Ă©noncĂ©s diffĂ©rents. Il ne s’agit pas vraiment de l’énoncĂ© de l’autre tel que produit par lui-mĂȘme, mais plutĂŽt de 1 l’énoncĂ© de l’autre tel que produit par lui-mĂȘme dans sa propre langue, et de 2 son Ă©noncĂ©, tel que traduit » et transmis » par le narrateur et dans sa langue. En plus, cet Ă©noncĂ© rapportĂ© au discours direct se trouve de nouveau soumis Ă  l’autoritĂ© du discours du narrateur, qui s’impose au niveau du discours rapportĂ©, cette fois-ci sous la forme d’une glose mĂ©talinguistique. Cette glose sert Ă  confirmer que le texte, malgrĂ© la prĂ©sence des Ă©lĂ©ments Ă©trangers, appartient toujours Ă  la langue du narrateur, qui est ici le français. La traduction exige un traducteur qui traduit et transmet les Ă©noncĂ©s des personnages en français. Ici, nous supposons qu’à travers le travail de l’écrivain, c’est le narrateur qui traduit » les Ă©noncĂ©s des personnages dans sa propre langue, comme c’est lui qui narre et rapporte. MĂȘme si le discours rapportĂ© se dĂ©marque du discours narratif, il reste que c’est le narrateur qui rapporte les Ă©noncĂ©s des personnages, soit au discours direct, soit aux discours indirect et indirect libre. Dans ce sens, chaque Ă©noncĂ© doit comprendre aussi, Ă  cĂŽtĂ© de la voix du personnage celle du narrateur qui joue, dans l’énoncĂ© rapportĂ©, le rĂŽle d’un truchement. Si cette voix passe souvent inaperçue dans un Ă©noncĂ©, c’est-Ă -dire presque non visible », c’est parce qu’elle adhĂšre Ă  la voix du personnage. Il en est ainsi du mot khwajĂ© mis en italique dans Le Rocher de Tanios et qui indique la prĂ©sence de deux niveaux diffĂ©rents 1 l’énoncĂ© du personnage, transmis dans la langue du narrateur ; et 2 une trace » de ce mĂȘme Ă©noncĂ© tel que produit dans la langue du personnage et non pas dans celle du narrateur. Cette trace » pĂ©rĂ©grinitique ou xĂ©nitique joue le rĂŽle d’un indice dans l’énoncĂ© du personnage. Elle n’indique pas seulement la prĂ©sence des langues Ă©trangĂšres dans le texte, Ă  l’exemple du texte francophone ici, mais aussi la prĂ©sence d’une autre voix dans la voix, d’un Ă©noncĂ© dans l’énoncĂ©. C’est-Ă -dire que le xĂ©nisme et le pĂ©rĂ©grinisme, en tant que traces, rendent la voix du truchement visible », parce qu’ils crĂ©ent une sorte de dĂ©sharmonisation, d’incohĂ©rence au niveau de l’énonciation et de sa prise en charge linguistique ou langagiĂšre. Cette dĂ©sharmonisation mĂȘme rend la voix du truchement visible ». Autrement dit, il ne s’agit pas seulement de l’énoncĂ© du personnage, mais aussi de celui du narrateur-truchement, parce que c’est lui qui traduit » et transmet » l’énoncĂ© du personnage. Le principe des deux Ă©noncĂ©s ci-dessus Ă©voquĂ© implique la prĂ©sence de frontiĂšres qui sĂ©parent diffĂ©rents Ă©noncĂ©s et Ă©tablissent l’alternance des sujets parlants. Cela est vrai vu de l’extĂ©rieur des Ă©noncĂ©s et des rĂ©pliques. Il l’est Ă©galement en prenant l’énoncĂ© comme unitĂ© d’étude, mais vu de l’intĂ©rieur, c’est-Ă -dire par rapport Ă  d’autres Ă©noncĂ©s dans un contexte d’échange verbal. L’analyse doit partir ici, non pas de la premiĂšre particularitĂ© de l’énoncĂ© qu’est l’alternance des sujets parlants Bakhtine, 1984 282, mais de la deuxiĂšme particularitĂ©, c’est-Ă -dire de l’achĂšvement qui est un peu l’alternance des sujets parlants vue de l’intĂ©rieur » Bakhtine, 1984 282. Avec le xĂ©nisme, ce n’est pas seulement le discours dans le discours ou bien l’énoncĂ© dans l’énoncĂ©, mais plutĂŽt un discours sur le discours et un Ă©noncĂ© sur l’énoncĂ©. Nous en prendrons l’exemple dans Le PĂ©riple de Baldassare, avec l’énoncĂ© rapportĂ© au discours direct En poussant le portillon de sa masure, je vis, assise sur le seuil, une femme du voisinage, le front dans les mains. Je lui demandai, par politesse, avant d’entrer, si hajj Idriss Ă©tait lĂ . Elle releva la tĂȘte et me dit seulement Twaffa. » Il est mort ! PĂ©riple, 34 Il s’agit du verbe twaffa, en dialecte arabosyriaque, conjuguĂ© Ă  la troisiĂšme personne du singulier au passĂ©. Le discours rapportĂ© est mis, dans cet exemple, Ă  la forme du discours direct, comme il s’agit d’un verbe introductif dire », d’une rĂ©plique et de guillemets. Nous pouvons dĂ©couper l’énoncĂ© suivant Twaffa.’ Il est mort ! » en deux Ă©noncĂ©s sĂ©parĂ©s l’un de l’autre twaffa » et il est mort », sans nuire au discours rapportĂ©. Le narrateur pourrait reconstruire l’énoncĂ© selon les diverses modalitĂ©s de l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©isation linguistique 1 La voix du narrateur-truchement demeure non-visible » Mention Elle releva la tĂȘte et me dit seulement, en arabe Il est mort ». PrĂ©supposition Elle releva la tĂȘte et me dit seulement Il est mort ». 2 La voix du narrateur-truchement se rend visible » XĂ©nisme Elle releva la tĂȘte et me dit seulement Twaffa ». Il est mort. L’intonation qui dĂ©marque le discours d’autrui signalĂ© par les guillemets Twaffa » fonctionne comme une transposition Ă  l’intĂ©rieur de l’énoncĂ©, une sorte d’alternance des sujets parlants, un achĂšvement, comme il s’agit d’une perspective intĂ©rieure. Le xĂ©nisme, ici, sert Ă  Ă©tablir des frontiĂšres sĂ©parant deux Ă©noncĂ©s dans l’énoncĂ©. Ici, Ă©galement, nous pouvons dĂ©tecter la voix non-visible » du narrateur-truchement insĂ©rĂ©e dans le discours rapportĂ© comme une glose mĂ©talinguistique accolĂ©e Ă  la voix du personnage. De cette façon, le discours d’autrui possĂšde une expression double la propre, c’est-Ă -dire celle d’autrui, et celle de l’énoncĂ© qui l’abrite » Bakhtine, 1984 301. La voix du narrateur-truchement s’insĂšre ainsi dans l’énoncĂ© en tant que glose mĂ©talinguistique qui explique » le sens des mots Ă©trangers, qui adhĂšre Ă  celle du personnage et qui interprĂšte » ses paroles. Parfois, l’usage du mot Ă©tranger se fait dans le discours rapportĂ© du personnage et au style du discours direct. Ce dernier permet Ă  l’énoncĂ© du personnage de se distinguer de celui du narrateur. La voix du narrateur-truchement se dĂ©tache de celle du personnage Ă  ce moment, et se fait visible sous la forme d’une glose mĂ©talinguistique qui explique » les paroles du personnage, mais sans y adhĂ©rer. Dans ce cas, la glose mĂ©talinguistique se trouve hors de l’énoncĂ© ; elle le suit, comme l’indique l’exemple ci-aprĂšs tirĂ© du PĂ©riple de Baldassare Boumeh ! Ne vas-tu pas cesser de torturer notre oncle ? » Boumeh », hibou », oiseau de malheur », c’est ainsi que le cadet surnomme son frĂšre depuis l’enfance
 PĂ©riple, 23-24 Ici, le narrateur utilise le mot hibou boumeh en dialecte arabosyriaque. La glose mĂ©talinguistique se dĂ©tache de l’énoncĂ© et le suit. Cependant, mĂȘme dans cet Ă©noncĂ©, il est possible d’identifier la voix non visible » du narrateur-truchement, la prĂ©supposition voulant notamment que l’énoncĂ© Boumeh ! Ne vas-tu pas cesser de torturer notre oncle ? » ait Ă©tĂ© produit en arabosyriaque par le personnage, comme il garde toujours une trace de cette langue, mais traduit et transmis, plus tard, en français par le truchement, oĂč la voix non visible » se rend visible » dans l’énoncĂ© grĂące au xĂ©nisme. Il en est ainsi, pour clore la dĂ©monstration, du paragraphe ci-aprĂšs du PĂ©riple de Baldassare, oĂč le narrateur utilise l’arabe classique dans son rĂŽle de langage mythique » Depuis l’aube de l’islam, les savants dĂ©battent autour d’un verset du Coran, qui revient par trois fois dans des termes similaires, et qui souffre diverses interprĂ©tations. Esfahani le cita en Ă©grenant soigneusement les syllabes fa sabbih bismi rabbika-l-azĂźm » ; ce qui pourrait ĂȘtre traduit dans notre langue par Glorifie le nom de ton Seigneur, le trĂšs-grand. PĂ©riple, 355. Le verset coranique intĂ©grĂ© en arabe classique dans le paragraphe constitue un xĂ©nisme, comme il est mis entre guillemets et suivi d’une traduction en français par le narrateur initial. L’usage des Ă©lĂ©ments Ă©trangers se fait dans le discours rapportĂ© et dans la langue du personnage, et la glose mĂ©talinguistique le suit. Ici, la voix du truchement se dĂ©tache de celle du personnage. D’un point de vue gĂ©nĂ©ral, dans un Ă©noncĂ©, le narrateur et le personnage s’expriment conjointement. Autrement dit, dans les limites d’une seule et mĂȘme construction Ă©nonciative, on entend rĂ©sonner les accents de deux voix diffĂ©rentes. Du point de vue strictement narratif, il peut s’agir du discours du personnage, mais en distinguant la langue du narrateur de celle du personnage, la rĂ©alitĂ© se prĂ©sente d’une façon diffĂ©rente. La voix non-visible » du narrateur devient visible » dans l’énoncĂ© du personnage, dans l’acception ultime qu’une telle mise en scĂšne Ă©nonciative et hĂ©tĂ©ro-linguistique renvoie au travail de l’écrivain dans sa pertinence sĂ©miotique et discursive. Dans Le Rocher de Tanios, Maalouf utilise un grand nombre d’expressions locales libanaises, de proverbes, de dictons ; il insĂšre des mots du langage vernaculaire montagnard dialecte arabosyriaque et mĂȘme des mots empruntĂ©s au turc et au persan qui furent adoptĂ©s par le langage vernaculaire. Or, ces Ă©lĂ©ments Ă©trangers ne passent pas dans le discours narratif sans l’autorisation du narrateur-truchement, qui peut les fait suivre par une glose mĂ©talinguistique ou non KhwĂ©ja GĂ©rios n’aura pas le temps d’en prendre, il faut qu’il parte Ă  l’instant pour revernir avant la ainsi qu’il l’appelait quand il avait envie de lui faire plaisir, khwĂ©ja, un vieux mot turcopersan qui dĂ©signait dans la Montagne ceux qui, dotĂ©s d’instruction et de fortune, ne travaillaient plus la terre de leurs mains. Rocher, 38 Ainsi, si l’élĂ©ment Ă©tranger khwĂ©ja est inscrit, ici, en italique et suivi d’une glose mĂ©talinguistique, dans un autre roman, Samarcande notamment, il le sera comme pĂ©rĂ©grinisme. Il en va de mĂȘme pour le mot arabe Jord Et il avait cru trouver la parade idĂ©ale le marier Ă  la fille d’un chef fĂ©odal bien plus puissant que lui, le seigneur du grand Jord
 Rocher, 24 Le narrateur ne donne pas d’explication Ă  ce mot arabe qui reste figurĂ© comme Ă©lĂ©ment Ă©tranger dans le texte jusqu’à plus tard dans le texte, Ă  la page soixante-quatre, oĂč le narrateur le fait suivre par une glose mĂ©talinguistique Le village se mit Ă  bruire d’anecdotes fĂ©roces sur celui que, par une lĂ©gĂšre torsion de mot, on s’était mis Ă  nommer non plus le seigneur du Jord – qui veut dire les hauteurs arides » – mais le seigneur des jrad – qui veut dire sauterelles ». Rocher, 64 Il ressort de tout cela que les diverses modalitĂ©s de l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©isation linguistique inscrite dans les romans laissent envisager un positionnement normatif, ou axiologique, de l’énonciation autour des faits de langues rapportĂ©s » des espaces extratextuels de rĂ©fĂ©rence de l’écriture et intĂ©grĂ©s Ă  la pertinence sĂ©miotique d’ensemble de l’écriture. Dans le cas de l’Ɠuvre romanesque d’Amin Maalouf, c’est l’ensemble du Pan-Orient », de l’Europe andalouse Ă  l’ExtrĂȘme-Orient de la Chine, tel que le met en Ă©criture son Ɠuvre, qui est convoquĂ© et assujetti Ă  la relecture » que l’écrivain propose de son histoire effective comme de son histoire discursive ». Notes 1 DĂ©sormais PĂ©riple dans les citations, suivi de la page. 2 Ce mot s’identifie par le a final alef al itlaq qui marque le fĂ©minin des mots d’origine syriaque Issa, 14. 3 DĂ©sormais Rocher dans les citations, suivi de la page. 4 DĂ©sormais Jardins dans les citations, suivi de la page. 5 DĂ©sormais LĂ©on dans les citations, suivi de la page. 6 DĂ©sormais Échelles dans les citations, suivi de la page. Ouvrages citĂ©s BAKHTIN, M. M.. EsthĂ©tique de la crĂ©ation verbale. Paris Gallimard, 1984. —–. Le marxisme et la philosophie du langage. Paris Les Éditions de Minuit, 1977. CORM, Georges. Liban les guerres de l’Europe et de l’Orient 1840-1992. Paris Gallimard, 1992. D’ALVERNY, AndrĂ©. Petite introduction au parler libanais. Beyrouth Imprimerie catholique, 1963. GAUVIN, Lise. Les langues du roman du plurilinguisme comme stratĂ©gie textuelle. MontrĂ©al Les Presses de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, 1999. GOBARD, Henri. L’aliĂ©nation linguistique analyse tĂ©traglossique. Paris Flammarion, 1976. GRUTMAN, Rainier. Des langues qui rĂ©sonnent. L’hĂ©tĂ©rolinguisme au XIXe siĂšcle quĂ©bĂ©cois. MontrĂ©al Fides-CETUQ, 1997. —–. Formes et fonctions de l’hĂ©tĂ©rolinguisme dans la littĂ©rature quĂ©bĂ©coise entre 1837 et 1899. PhD. UniversitĂ© de MontrĂ©al, 1993. HALBOUT, Dominique et Gonen GUZEY. Le turc sans peine. 2e Ă©d. Paris Assimil, 1992. ISSA, Elia. Glossaire des mots syriaques dans le dialecte libanais. Beyrouth Librairie du Liban Publishers, 2002. LAWSON-HELLU, LatĂ©. HĂ©tĂ©rolinguisme et roman d’Afrique francophone subsaharienne ». Revue de l’UniversitĂ© de Moncton, vol. XXXIV, nos 1-2, 2003. 311-336. —–. Norme, Ă©thique sociale et hĂ©tĂ©rolinguisme dans les Ă©critures africaines ». Semen, Revue de sĂ©mio-linguistique des textes et discours, 18, nouvelle sĂ©rie, 2004. 95-104. —–. TextualitĂ© et transposition hĂ©tĂ©rolinguistique dans le roman francophone pour une thĂ©orie gĂ©nĂ©rale du plurilinguisme littĂ©raire. » La traversĂ©e dans de roman francophone. UniversitĂ© de Laval, QuĂ©bec, juin, 2005. LECLERC, Catherine. Des langues en partage ? Cohabitation du français et de l’anglais en littĂ©rature contemporaine. PhD., UniversitĂ© Concordia, MontrĂ©al, 2004. d’appropriation de la langue d’écriture », dans Lise GAUVIN, Les langues du roman du plurilinguisme comme stratĂ©gie textuelle. MontrĂ©al Presses universitaires de MontrĂ©al, 1999. 87-100. MAALOUF, Amin. Le PĂ©riple de Baldassare. Paris Le livre de poche, 2003. —–. Le Rocher de Tanios. Paris Le livre de poche, 1996. —–. LĂ©on l’Africain. Paris Éditions Jean-Claude LattĂšs, 1986. —–. Les Échelles du Levant. Paris Le livre de poche, 2002. —–. Les Jardins de LumiĂšre. Paris Éditions Jean-Claude LattĂšs, 1991. —–. Samarcande. Paris Éditions Jean-Claude LattĂšs, 1988. PAREJA, F. M. Islamologie. Beyrouth Imprimerie catholique, 1964. SIMON, S.. Le Trafic des langues. Traduction et culture dans la littĂ©rature quĂ©bĂ©coise. MontrĂ©al BorĂ©al, 1994.
Listento Un roman d'amitiĂ© MP3 Song by Compilation 80's from the French movie Fan des annĂ©es 80 free online on Gaana. Download Un roman d'amitiĂ© song and listen Un roman d'amitiĂ© MP3 song offline. anglais, français anglais, français Un roman d'amitiĂ© Sometimes I think of me and you And every now and then I think We'll never make it through We go through some crazy times And there are times I wonder if I'll be losin' you But I never do Oh my friend you give me a reason To keep me here believin' That we'll always be together this way And you know my friend you give me the reason To make me stay And even through the longest night the feeling survives Seems that I can just look at you And I find the reason in your eyes Tu sais il me faudra encore du temps Pour ĂȘtre sĂ»re d'aimer quelqu'un et de l'aimer vraiment On a toute la vie devant nous Mais garde bien tes sentiments Et puis surtout Écris-moi souvent Un roman d'amitiĂ© Qui s'Ă©lance comme un oiseau Pas une histoire d'amour vacances Qui finit dans l'eau C'est un long roman d'amitiĂ© Qui commence entre nous deux Magique adolescence OĂč tout est un jeu Quand tu prends ma main tout va bien Fais comme tu veux mais ne dis rien Une amitiĂ© qui s'Ă©lance Comme l'envol d'un oiseau Pas un amour vacances Qui finit dans l'eau C'est un long roman d'amitiĂ© Qui commence entre nous deux Magique adolescence OĂč tout est un jeu Une amitiĂ© qui s'Ă©lance Comme l'envol d'un oiseau Pas un amour vacances Qui finit dans l'eau C'est un long roman d'amitiĂ© Qui commence entre nous deux Magique adolescence OĂč tout est un jeu And you know when you look at me You'll find the reason in my eyes Quand tu prends ma main Quand tu prends ma main Fais comme tu veux mais ne dis rien DerniĂšre modification par chatoyant Lun, 11/04/2022 - 0612 traduction en roumainroumain Un roman al prieteniei Uneori mă gĂąndesc la mine și la tine Și din cĂąnd Ăźn cĂąnd cred Că nu vom reuși niciodată Trecem prin nißte momente nebunești Și sunt momente Ăźn care mă Ăźntreb dacă te voi pierdeDar nu o fac niciodată O, prietena mea, dă-mi un motiv Să mă țină aici să cred Că vom fi mereu Ăźmpreună așa Și știi, prietena mea, tu Ăźmi dai motivul Ca să mă facă să rămĂąn Și chiar și prin cea mai lungă noapte sentimentul supraviețuiește Se pare că mă pot uita doar la tine Și găsesc motivul Ăźn ochii tăiȘtii că Ăźncă voi avea nevoie de timp Să fiu sigur că iubesc pe cineva și să-l iubesc cu adevărat Avem toată viața Ăźn față Dar păstrează-ți bine sentimentele Și apoi mai presus de toate Scrie-mi desUn roman al prieteniei Care se Ăźnalță ca o pasăre Nu o dragoste de vacanță Care sfĂąrßeßte Ăźn apă Este un lung roman de prietenie Care Ăźncepe Ăźntre noi doi Adolescența magică Unde totul este un joc CĂąnd mă iei de mĂąnă, e Ăźn regulă Fă ce vrei, dar nu spune nimicO prietenie care se Ăźnalță Ca zborul unei păsări Nu o dragoste de vacanță Care sfĂąrßeßte Ăźn apă Este un lung roman de prietenie Care Ăźncepe Ăźntre noi doiAdolescența magică Unde totul este un jocO prietenie care se Ăźnalță Ca zborul unei păsări Nu o dragoste de vacanță Care sfĂąrßeßte Ăźn apă Este un lung roman de prietenie Care Ăźncepe Ăźntre noi doi Adolescența magică Unde totul este un jocƞi tu ßtii cĂąnd mă priveßti Vei găsi motivul Ăźn ochii mei CĂąnd mă iei de mĂąnă, CĂąnd mă iei de mĂąnă, Fă ce vrei, dar nu spune nimic. PubliĂ© par liana2010 Dim, 10/04/2022 - 1313 . 283 64 37 11 281 228 249 128

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